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Marc Vasseur (Journal à quatre mains)

Chapon, vasectomie et féminisme…

23 Décembre 2008 , Rédigé par Marc Publié dans #Petites et Grandes choses

 

 

Le sujet peut troubler, choquer, les questions de la contraception relevant de la sphère privée, de l’intime. Aussi, j’en avais préalablement discuté avec Marianne et je dois dire que j’ai réussi à la convaincre de ma « démarche publique ».

 

Donc j’ai pris rendez vous récemment pour faire une vasectomie… en somme pour reprendre un bon mot du parrain de Gabriel, je serai au menu du réveillon de Noël en qualité de futur chapon.

 

Alors pourquoi exposer cette démarche aux yeux de tous surtout quand on a une certaine lisibilité sous couvert de pleine identité.

 

De mon point de vue et à mon modeste niveau, c’est dans la suite logique de mon soutien et de ma participation au combat féministe. En effet, la contraception a été un combat de haute lutte afin que les femmes puissent revendiquer leur corps et la liberté d’en disposer et il est heureux qu’à ce jour, en France, cette réalité demeure d’actualité même si la vigilance doit s’imposer à toutes et à tous.

 

Cependant force est de constater que la contraception reste de fait de la seule responsabilité des femmes… et qu’en de rare cas la virilité masculine ne saurait être remise en cause voire au risque de remettre en cause l’ordre d’une société majoritairement masculine dans ses représentations et ses hiérarchies. D’autre part, la reproduction de l’espèce reste attachée à la seule femme. Pourtant c’est bien « l’interaction » entre un spermatozoïde et un ovule qui la permet, par conséquent, l’homme prend une part non négligeable dans ce processus et donc ne peut être dispensé en rien d’une réflexion sur les modes de contraceptions.

 

A l’heure actuelle, celle-ci semble être « naturellement » dévolue à la femme par le biais de différentes techniques hormonales (pilule, stérilet) ou chirurgicale (ligature des trompes). Pour ma part, je pense que ce naturel est surtout très confortable pour l’homme avec un substrat somme toute assez réactionnaire : « elles ont voulu disposer de leur corps à travers le combat pour la contraception, et bien assumez maintenant, ce n’est plus de notre ressort ». Sauf que, la sexualité dans un couple se fait généralement à deux à moins de considérer l’acte sexuel comme étant seulement lié à la reproduction.

 

C’est à travers ces deux angles qu’il y a bien longtemps que j’avais pris cette décision.

 

En effet, j’ai mis pas mal d’années à me sentir prêt pour assumer mon rôle de père avec une limite de temps. Même si on n’est jamais certain de l’avenir, je me vois très mal, disséminer ma divine semence au-delà d’un certain âge. Si un enfant se fait à deux, «  sa prise en charge » l’est aussi. Or dans ce cas et alors qu’il y a déjà un déséquilibre dans la répartition des taches entre le père et la mère, il me paraît évident que cette réalité ne fera que s’accentuer l’âge aidant. Etre réveillé plusieurs fois dans la nuit à soixante balais… non. Sur cette question de l’âge, il y a la question du partage avec son enfant… et j’ai envie de faire du sport avec mes bonhommes.

 

Dernier point, il est lié à Marianne comme à l’immense majorité des femmes. Elle a depuis près de 20 ans supporté seule cette fameuse contraception avec la prise de la pilule et je pense qu’il me revient désormais de faire cet effort. On me dira « bah le stérilet c’est pratique », certes cependant l’idée d’une diffusion infinitésimale d’une hormone pendant de très nombreuses années, me perturbe. Et ce d’autant plus que la réalité de son innocuité est parfois remise en cause. Donc oui, dans le doute je préfère une intervention chirurgicale légère.

 

Ben mon gars, et la ligature des trompes… ouais mais alors que les femmes ont déjà subi des transformations importantes de leur corps pour enfanter et qu’en prime elles auront à subir les problèmes liés à la ménopause, on peut au moins leur épargner un nouveau charcutage… Ben oui les copains, nous par rapport à tout ça, on est plutôt épargné.

 

Alors voilà, ma décision est prise depuis longtemps. Au menu, une première rencontre avec le médecin, un rdv chez un urologue, 4 mois pour mijoter, et enfin, le chapon tout beau, « tout chaud » (si je puis dire !).

 

En ajoutant ceci, cet acte je le fais sans retenue tant la déconnection entre reproduction et sexualité est totale. D’autre part, sans en faire un cheval de bataille, c’est aussi un acte militant féministe à part entière et le revendique comme tel.

Enfin, il y a autre chose mais là, c’est entre Marianne et moi.

PS : petite précision, j'ai 3 enfants. Gabriel 3 ans et 5 mois, Ivan 2 ans et 3 mois, Colin - 4mois-

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J
Bonne initiative ! Peut-être que plus on sera nombreux (et nombreuses !) à choisir les contraceptions permanentes plus les choses pourront avancer... car il faut tout de même rappeler une fois de plus qu'il faut encore à l'heure actuelle se battre pour pouvoir y avoir droit, alors que c'est légal depuis bientôt 15 ans ! Personnellement je suis couplefree alors forcément c'est moi qui ai choisi cette méthode, je l'ai fait vers la trentaine mais j'aurais bien aimé en être informée avant !
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X
<br /> Bravo !<br /> Nous sommes passés par les mêmes interrogations .Puis après une longue réflexion et recherche même dans une bibliothèque d'un couvent dominicain (nous sommes catholiques pratiquants), et après 12<br /> ans de mariage et 3 enfants, mon mari a choisi de "porter" la contraception à ma place par acte d'amour. De plus, il pensait fortement qu'inconsciemment, le fait que je puisse tomber enceinte<br /> contraignait nos rapports.Il a en parrallèle fait don de son sperme au SECOS sans souhaiter pour autant en conserver "au cas où" car il pense que son engagement dans notre couple est total et même<br /> en cas de perte de sa famille, il ne trouverait pas sain d'avoir à nouveau des enfants à un âge avancé. Il est donc entré un matin à l'hôpital et est ressorti le soir; C'est une intervention<br /> bénigne : très peu de douleurs post-opératoires,sur quelques jours et vraiment supportables, contrairement à ce qu'il craignait. C'est comme celles d'un point de suture. A mon propre étonnement,<br /> depuis lors, ma libido a explosé...pour son plus grand bonheur ! Et cela n'a rien changé à la sienne. Nous regrettons la puissance du tabou qui existe autour de la vasectomie, car c'est un<br /> formidable moyen de contraception. Cela fait maintenant 2 ans que cela dure ....A 37 ans pour moi et 43 ans pour lui, on s'éclate comme jamais auparavant . Et détrompez-vous, malgré nos croyances<br /> religieuses, on n'est pas des culs bénis!!!! Merci pour votre témoignage.<br /> <br /> <br />
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A
Ouais.... On en a déjà parlé, et je persiste à penser que tu fais une erreur. On ne sait jamais de quoi la vie peut être faite. La solution est trop radicale à mon goût. Pour l'instant, tu penses ne plus jamais devoir te reproduire. Ok, mais quid dans 5 ans, dans 10 ans ? Quid si par un dramatique accident de la route etc ? Penses-y quand même un grand coup avant de de faire raccourcir. Par ailleurs, tu invoques le féminisme. Alors allons-y franchement, bordel !La vasectomie comme mode de contraception suppose qu'hors de la pénétration, point de salut. Hors de la force virile et bien dure du mâle dans la douceur mouillée et tiède de la femelle, rien d'autre ? Je maintiens le contraire, et je connais très bien au moins un cas de couple qui est resté des années sans pilule ni autre moyen de contraception. Eh bien il y a d'autres moyens de prendre son pied "grave de chez grave" sans que monsieur trempe son pinceau dans le pot de peinture de madame. On peut se donner du plaisir mutuel sans forcément se rentrer dedans. Les "filles entre elles" l'ont bien compris. Bon, évidemment, on en met plein les draps au début, mais ensuite on trouve des solutions rigolotes. Et pas besoin de se faire couper je ne sais quoi, si on veut refaire un gosse après, on est toujours frais et dispo. Je sais bien que je ne t'empêcherai pas, têtu comme tu es tu as déjà fait ton choix et tu ne voudras rien entendre de plus. Mais je t'aurais quand même dit ce que j'en pense. Voila. Parce que je trouve que c'est dommage.
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C
Bravo Marc pour cette décision courageuse et solidaire.La contraception féminine est actuellement attaquée par le Vatican, vu de France ça paraît peu relevable mais en Italie, le pape ayant exhorté les gynécologues et les pharmaciens catholiques (et ils sont nombreux) a être objecteurs de conscience en refusant soit de vendre la pilule du lendemain, soit de pratiquer des IVG, le droit des femmes à disposer de leur corps et à décider de leurs grosseses est sérieusement atteint.
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S
Longue vie aux hommes féministes !
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