2008 : l’année Sarkozy…
Rituel de fin d’année oblige, on se doit de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur ; tenter de tirer un bilan. A ce jeu, je vous recommande chaudement l’ami Juan de SarkoFrance qui vous a concocté avec talent un abécédaire des promesses non tenues de Sarkozy.
Si pour une bonne partie de notre bonne presse, notre Saint Homme est incontestablement le politique de l’année… seul, il aurait sauvé l’économie mondiale, redonner une crédibilité à l’Europe, sauver la civilisation du dérèglement environnemental et accessoirement apposer les mains sur des cancéreux…
Pour ma part, notre Très Grand Homme m’a surtout marqué par son manque de vision et de prospective sur les évènements et plus particulièrement sur la crise et les « remèdes » prescrits… Si tant est qu’on puisse appeler ça des remèdes. Au contraire, quand on creuse au-delà des discours, on ne peut qu’être effaré devant ce non-avenir qui nous est préparé pour les prochaines décennies.
En effet, cette effondrement économique nous impose de préparer les générations futurs au changement de paradigme, à une innovation plus seulement respectueuse de l’environnement mais surtout apte à la survie de la civilisation. Cette réalité imposerait donc un effort sans précédent dans les domaines de l’éducation et de la recherche ; au lieu de ça Sarkozy, accompagné de son équarisseur en chef Xavier Darcos et de son commis boucher Valérie Pécresse, n’ont de cesse d’en réduire la voilure.
Il ne m’est pas nécessaire de revenir sur l’Education Nationale avec les propos honteux du ministre sur les maternelles, sur ces réformes toutes plus rétrogrades les unes que les autres, les dizaines de milliers de postes de prof supprimés, ou la mise en péril des IUT. Non, aujourd’hui, c’est la recherche qui focalise mon propos car elle est en lien direct avec notre futur et pas seulement économique… c’est aussi une question de politique de civilisation au sens fort du terme (ça ne vous rappelle rien….).
Sarkozy avait promis qu’à la fin de son mandat, la recherche serait à 3% du Produit Intérieur Brut… Rassurons nous, à l’instar des tous les gouvernements de droite (il suffit d’aller jeter un œil sur les stats de l’OCDE), Sarkozy n’en finit pas de rogner sur ces crédits, le corollaire de cette réalité recouvre bien évidemment une méconnaissance profonde des mécanismes dus à la spécificité d’un monde où trouver ne se fait sous les sabots d’un ministre ou d’un président. L’autre pendant est bien évidemment une capacité à dénigrer sans vergogne la recherche française, il est vrai que sans crédit il est difficile de trouver quoique se soit… les investissements humains et matériels ne sont plus les mêmes que ceux nécessaires pour découvrir la bougie… je sais ça peut paraître dingue en première lecture… chercher coûte cher.
Une autre irréalité présidentielle tient dans cette croyance en l’investissement privée qui prendrait la relève du public… et le premier qui parle de crise a un gage… Ce fantasme ne peut hélas se confronter aux chiffres, sa croissance est inférieure à l’inflation (tout comme les fonds publics… c’est une évidence). D’autre part, il est nécessaire de rappeler un autre fait… Les recherches américaine et japonaise sont subventionnées par l’Etat, directement ou indirectement et il existe une tradition de fondation (nottament pour les USA) sans commune mesure avec ses balbutiements français, tant en recherche appliquée qu’en recherche fondamentale.
De ce constat, il a lieu également de s’interroger sur le parallèle entre l’effort de recherche et le commerce extérieur… bizarrement, elles se superposent.
Alors bien entendu, personne ne nie qu’il y ait un besoin de réforme, réflexion pour permettre aux chercheurs de donner la mesure de leur potentiel mais cela nécessite aussi des moyens… et des responsables politiques à la hauteur des enjeux des prochaines décennies… et de ces derniers, on en manque cruellement… et déjà au plus haut sommet de l’Etat.
Et le problème, c'est que sous chaque discours, se cache une imposture, un mensonge...
Un blog qui en parle bien mieux que moi (normal, c’est leur job).